Avec les doigts, et sans modération.

Et la table sera posée sur l'herbe, juste pour faire semblant d'être heureux, de sentir le soleil sur notre peau, le vent dans notre cou, et la musique qui nous emporte. On fera semblant, semblant pour tout, de parler, de boire de manger, de vivre. On écumera notre plaisir, comme on engloutit une boîte de chocolat. Avec les doigts, sans modération.

"Mélanie, profite de ton bonheur parce qu'il ne dura pas, c'est moi qui te le dis". Elle claqua la porte, elle avait les larmes aux yeux. Mon père avait quitté la maison, pour aller je ne sais où. Il ne revint toujours pas. La tension planait invisible et destructrice. Moi, je commençais à hausser ma voix contre ma soeur. Lui dire qu'on avait nos rôles à jouer dans tout ça. Quelle ne devait pas nous laisser seule contre elle et inversement.  A trop crier on finit par être entendus. Elle est ressortie, nous a dit qu'elle n'était plus heureuse. Je me suis rassise devant mon écran. J'ai pleuré en silence. La musique courait toujours. Et personne ne l'a jamais su. Et puis l'orage est passé, comme il passe toujours. Jusqu'au jour, ou elle en aura assez. Et ce jour là, cet éclair brisera nos vies. 

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