Comme un linge délavé.
Le ciel était rempli d'eau, mon marais était rempli d'eau, et mon corps à fait de même. En ouvrant les yeux pour découvrir le spectacle acide, d'une fin d'après midi dans la tempête, j'ai vu la lumière abaisser son intensité et se plier au volonté du vent. Sur ce ciel trop gris le christ figurait, pendu sur sa croix, au milieu d'un désert de pluie. Comme un linge délavé par les jours maussades, par le temps qui s'éfile. Le veau, assis au milieu du foin et de la boue dormait profondément. Mes bottes traversaient les flaques, et radiohead commença son ascension. Résonnant dans mes entrailles comme un rituel emphatique. L'herbe submergée par les eaux vacillait doucement au grès du courant. Les cheveux dans le visage, noyé dans la lumière lunaire, déssinant l'éclat terne des jours qu'il faut oublier, j'offris à mes sens un peu de noirceur révélatrice. Seule la pluie peut dissoudre mon existance. Vidant mon âme, lacérant mon esprit de son pouvoir destructeur. Laissant ruisseler l'eau sur mes épaules à nues, fermant les yeux pour mieux ressentir les notes, je me suis assise. Seule. J'ai entouré mes bras autour de mes genous, et je suis restée ainsi. Pendant une heure. Mon âme avait envie de se noyer, mais mon corps n'en disait rien.