On dirait la savane.
On dirait la savane. Les herbes carressent mon visage doucement. Cette étendue qui glisse sous mes yeux m'appartient. De droit de coeur disait-il. Rare sont les personnes qui peuvent comprendre. Il faut avoir apprit à écouter le silence. La nature s'imprime sur la surface sensible de ma rétine. Pendant que le soleil execute son ballet révérencieux. Les nuages dansent comme ce guépard dans le ciel. Je suis tapie au fond de mon coeur et j'écoute. Libre dans ma tête et devant ce paysage qui s'offre à moi : l'espace et le temps. La synchronisation avec le présent était un obstacle au bonheur disait Pascal. Je l'ai résolu. Assise sur ma terre je savoure l'horizon qui s'éteint. Des brumes de vacances et d'enfances me reviennent en particules. Moi je me dis que dans quelques années je reviendrais dans ce lieu qui m'a vu grandir. J'enjamberais la palissade en bois, je sauterais par dessus le petit ruisseau et je m'assirais en tailleur au milieu de cette plaine. Je grimperais sur ces bottes de foins, j'écarterais les bras en laissant s'engoufrer le vent sous mon tee-shirt. Je rirais car là bas on ne sais que rire et s'extasier devant ce ciel immense qui change tous les jours de couleurs.
Un jour je reviendrais chez moi, et rien n'aura changé. La cigogne prendra son envol à mon arrivée, dans un bruissement épais et soyeux. Je sentirais le souffle du vent sur mon visage à chaque inspiration. J'Expirais le trop plein d'existence qui nous ronge de l'intérieur. Je ferais de ce lieu la source intarissable de sérinité. Je ferais de ce lieu tout ce qu'il a toujours été. Et ce soir, devant ce soleil qui prend fin, devant ce ciel immense je consomme ma majorité.